Rendons à César ce qui est à Guy Birenbaum. Sans son billet du jour, je n’aurais sans doute pas relevé cette sortie de Jean-Luc Mélenchon. Mais, vous verrez en allant le lire, mon appréhension du coup de sang du responsable du Parti de Gauche est largement différente de celle du blogueur chroniqueur sur Europe 1, Arrêt sur images, BFMTV, LePost jusqu’à il y a peu… (j’en oublie ou ignore).
« Jean-Luc Mélenchon, la “sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier”, les “sujets de merde” & le “métier pourri”… , titre le blogueur reconnu par les médias, qui apporte un soutien aux critiques d’un politicien qui occupe des mandats depuis 1983 selon sa notice Wikipédia (et oui près de 30 ans). Un soutien que je partagerais… en connaissant un peu le sujet de l’intérieur en tant que salarié (de ceux défendus par le député européen de gauche ?) d’un groupe de presse, si la méthode n’était d’une violence verbale aussi pitoyable.
On se souvient comment tout le monde est tombé à bras raccourci, et avec raison, sur le comportement de Xavier Bertrand il y a quelque temps avec un journaliste de PQR sur le plateau de Public Sénat. Avec raison. Sauf que son embonpoint acquis à la soupe des mandats, sous prétexte qu’il est classé à gauche, doit-il protéger Mélenchon ?
La réponse est clairement non. Il s’en prend ici en termes violents et de toute la petite hauteur que lui confère on ne sait trop quoi à quelqu’un placé dans une situation où il peut guère se défendre et où il n’est pas là pour ça mais pour taffer et ramener un son ou des images à ses patrons. Etudiant en journalisme et précaire, @felixbriaud ne peut que servir de punching ball (bon si la vidéo buzze un peu cela va aider à son personal branding – quelle notion idiote – et faire accroître ses followers 😉 ). Réflexe corporatiste que le mien ? Pas sûr, j’y reviendrai. Et on se prend à penser « qu’il essaye avec moi le Méluche et je lui aurais fait fermer sa grande gueule de bourgeois, qu’il est, lui, réellement, avec une claque si nécessaire ».
Parce que, on y vient, Mélenchon se comporte d’autant plus en gros naze sur le coup qu’il sait très bien à qui il s’adresse d’une part et que, surtout et d’autre part, si le fond du débat est bien réel (je suis là en accord avec @lediazec une des plumes de Ruminances), il demande une approche un peu moins au ras des pâquerettes. Se prétendant de gauche – et je crois quand même volontiers plus à son engagement qu’à celui de certains -, il ne peut faire fi des conditions de production et du fait que le mec face à lui est au mieux la petite main d’un système. Il ne peut feindre d’ignorer que bien des journalistes ne sont pas très à l’aise avec la tournure que prend la presse.
Les critiques émanent en nombre de l’intérieur du métier et, s’il veut avoir un débat de fond sur la question, que n’a-t-il pris la peine de rencontrer des organisations syndicales de journalistes, des journalistes en poste (du Parisien par exemple puisqu’il les vise ici), des analystes des médias… ? Et, pourquoi pas même, quelques responsables de rédactions, rédacteurs en chef honnêtes (il en reste) placés sous la pression de patrons et actionnaires qui voient les ventes chuter et, surtout, ne pensent plus que courbes et ratios.
Les titres de « Une » soi-disant miracles et racoleurs, le choix de privilégier une information de surface et prétendument grand public… bien des professionnels connaissent. Beaucoup s’en inquiètent. Quelques uns tentent de s’y opposer. D’autres on fait une croix sur leur vision « idéale » d’un métier. Un petit nombre « collabore » et embraye dans cette direction critiquable. Rappelons quand même à Mélenchon qu’un journal (et autres médias) est une entreprise avec un contrat de travail subordonnant le salarié – fut-il journaliste – à son employeur. Sans parler du fait qu’il serait bien plus crédible en interpellant un patron de presse de cette manière plutôt que de jouer le fier à bras au coin du bois.
Je n’ai guère l’habitude de parler « boutique » ici. Et je ne suis pas très corporate en général, plutôt enclin à constater comment un métier passe au travers des évolutions liées aux nouvelles technologies et se laisse aller à des ressorts peu défendables. Mais pour le coup, on a à faire à quelqu’un qui met le pied en touche et se laisse aller à l’anathème facile plutôt qu’au débat que mérite la question soulevée. En rapide: à un gros con. De ceux que l’un de mes premiers chefs de service aurait, quitte à se péter sur le sujet avec sa direction et à résister à son patron, décidé d’une voix caverneuse de mettre « tricard » pour de tels propos, reprenant « l’info sur son parti à la con pour ne pas baiser le lecteur mais sans lui donner la parole tant qu’il se sera pas excusé auprès de mes gars » (j’imagine là hein mais ça aurait été le ton).
Paradoxe, sur l’affaire, Méluche bénéficie de l’évolution de la presse donc 😀
[Note: je ne prends pas la peine de relever ni citer ici quelque blogueur apparatchik qui s’escrime via Twitter sur le sujet auprès du jeune auteur des images et qui cherche un champ pour poser un ego aussi grand que son niveau est bas. Et je reste de ceux qui pensent que bien des blogueurs auraient des conseils à donner aux professionnels de la profession, que ce soit dans l’utilisation des outils ou sur la qualité et pertinence des contenus… ]
Corinne
30 mars 2010
Vous avez cent fois raison.
Mais il n’empêche que le journalisme est fait….de journalistes. De Joffrin à Félix Briaud.
Journaliste que je ne connais mais qui d’évidence n’avait pas compris ce que Mélenchon voulait mettre en exergue en parlant de ce titre du Parisien. Pas de bol, entre deux tours d’élections qui a sûrement « électrisé » Mélenchon et qui donne le résultat dont nous sommes spectateurs, mais qui, pour autant ne doit pas éluder le fond.
Cette impression de relâchement, de superficialité, d’absence de « répondant » à propos de votre métier n’est pourtant pas anodine, comme vous le reconnaissez d’ailleurs.
Certains hommes politique tentent depuis quelques années maintenant de le dénoncer, ainsi que certains « citoyens ». Non pas, je crois, pour vous stigmatiser ou vous mépriser, mais parce que, et j’en fais partie, il est des gens qui ont encore une haute opinion du journalisme. Je rêve d’un réveil de votre profession, d’une exigence envers elle-même, mais aussi envers ses lecteurs.
Vous faîtes un très beau métier, certains d’entre vous, des décennies plus tard, sont encore des références.
En ce qui me concerne, ces journalistes-là, me sont indispensables. En aucune façon ne le sont ceux que les médias ont érigés en commentateurs avisés et qu’ils nous donnent à voir, du Grand Journal à Mme Chabot en passant par les JT…..
Du vide, du vide, du vide.
Mes respects.
jacksparro
10 avril 2010
Bonjour Corinne,
Comme tu parles comme un livre,peux tu me donner des noms de journalistes contemporains qui sont d’honnetes journalistes….Merci de ta réponse
Sparro
romain blachier
30 mars 2010
@donjipez c’est dommage que ce soit tombé sur ce jeune homme, en effet précaire et qui n’y peut rien. On peut comprendre la lassitude de Mélenchon face aux éditocrates, elle est légitime mais il a trop tendance (ce n’est pas la première fois))à se venger des rois, des reines et des cavaliers sur les petits pions qui n’y peuvent rien.
romain blachier
30 mars 2010
d’autant, j’oubliais que c’est tout de même un peu court que de dire que le débat sur la prostitution n’a aucun intérêt.
dedalus
30 mars 2010
Tiens, pour dire combien je suis d’accord avec toi – et aussi parce que je suis un brin flemmard aujourd’hui 🙂 – je te replace le commentaire que j’ai déposé chez Birenbaum :
Le propos de Mélenchon est juste et je peux témoigner avec Vogelsong qu’il repose sur une analyse rigoureuse et sans doute pertinente d’une dérive du système médiatique vers une certaine forme de prostitution (justement).
Mais le mépris, l’arrogance et l’insulte avec lesquels il crucifie son interlocuteur disqualifie à la fois le propos et son auteur – qui apparaît là comme un personnage empli de suffisance. Et c’est bien dommage.
Mélenchon, au cours de l’entretien qu’il a eu avec des bloggeurs, et dont parle Vogelsong, avait également expliqué comme il se plait à lui-même manipuler les médias en usant et abusant de la faiblesse du système.
La faiblesse du système ? Des journalistes précaires, sous-payés et sur-exploités – selon Mélenchon lui-même.
Je ne suis pas sûr qu’il soit très productif de tourner sa révolte et sa rage – aussi justifiées soient-elles – contre les “maillons faibles”, elles-mêmes largement victimes du système.
enricher
5 avril 2010
je ne crois pas qu’Arlette Chabot(France 2) soit une faible, et Mélenchon l’a invité aller au diable si je me souviens bien. Donc, je crois que votre analyse n’est pas correct, ce ne sont pas que les maillots faibles, ce n’est pas une question de « qui », mais de « quoi ».
« Ce qu’on a pu appeler « cruauté » est dans ce cas de figure la marque d’une certaine humanité, celle de l’homme qui respecte assez son interlocuteur pour lui interdire la stupidité. Celle-ci n’a pas à expier par les fautes de ses ainés : au contraire, elle a eu là l’occasion de constater, peut être pour la première fois de sa carrière, ce qu’il en coûte de dire n’importe quoi. »
Et en plus, je me demande si cette attitude n’a pas mis le sujet sous la lumière, si l’entretien aurait été tranquille, personne ne parlerait de cela maintenant.
Et pour en finir: je suis épuisé d’entendre les langues de bois des politiciens que se soumettent aux hors sujet systématiques et au « rabâchage en boucle des idées préconçues » de la part des journalistes, qui rentrent dans des petits compromissions pour peur de ne pas être invités au Grand Journal.
Je suis dessolé mais pour moi c’est si rafraichissante de voir un mec que dit ce qu’il pense comme il le sent. Le jour où les hommes politiques redeviennent plus des hommes et des femmes comme vous et comme moi, avec leur passions, et leur moments, et moins des froids énarques diplomatiques, peut être ce jour-là on retrouvera la confiance en eux, parce que l’homme politique nous représente NOUS et pas un « nous » idéale toujours souriant et calme dans lequel personne n’y croit plus. On s’abstient pour quoi? Parce que on ne croit plus en tout cela! Ce « savoir vivre » que j’ai lu ici, ce n’est plus que de hypocrisie et tout le monde le sait.
guy birenbaum
30 mars 2010
Nos analyses divergent. Mais tu as raison sur le fait qu’il devrait évidemment en discuter avec d’autres. Ma faiblesse est de penser que c’est aussi « comme ça » que le message peut porter.
donjipez
30 mars 2010
Merci pour tous ces commentaires. Finalement moi qui évite de parler « boutique »… 😉
Difficile de répondre sur le fond à l’ensemble des questions que vous soulevez ici car en effet le sujet est vaste. Et complexe.
Il y a aussi des différences notables entre types de médias et supports. Je ne peux guère témoigner que de cas concrets que je connais, ce qui n’est pas vraiment passionnant (et pourrait mettre des potes dans la merde :D). Et le vocable journaliste recouvre tout un tas de situations différentes (du précaire à l’éléphant éditocrate) et d’activités diverses (du grand reporter au SR).
Je vais jeter quelques éléments en vrac avec plus de questions que de réponses 🙂
Rien n’exonère la profession ni l’empêche de réfléchir sur elle-même (ce que font certains, assez nombreux)tout en sachant qu’elle exerce dans un secteur économique en crise qui pense en « production de contenus », « rentabilité » (ce qui n’est pas toujours stupide, l’indépendance passant aussi par une indépendance financière)et est dirigée par des patrons ou actionnaires qu’on dira « marqués » idéologiquement (avec de curieuses ambiguïtés parfois comme celles entre libéralisme et demande d’aides publiques :p ). Ce dernier élément n’a toutefois rien de nouveau si ce n’est le lien avec des groupes alors qu’autrefois le support appartenait à son patron (ou était public pour radios et télés).
L’évolution récente n’arrange rien et la problématique posée par les NTIC qui n’ont pas été anticipées, ni vraiment encore parfois été comprises, vient corser l’affaire. Avec des attitudes individuelles très variables sur cette dernière question entre crainte de voir remis en cause sa légitimité (à quelle titre ?) à parler et diffuser l’info et volontés d’expérimenter.
Toujours est-il qu’on va se retrouver lors de conf’ de rédaction avec comme question « qu’a-t-on de vendeur à mettre en Une ? » plutôt que « a-t-on quelque chose d’intéressant, pertinent… ? ». Certes l’un n’empêche pas l’autre… Mais certains chiffres posent questions. Beaucoup de journaux ont fait leurs meilleures ventes avec la mort de super Nanny (après celle de Michael Jackson). Et on se trouve à tourner en rond: fournir au lecteur ce qu’il veut ? S’il veut si peu n’est-ce pas parce que nous le formatons à ça et lui donnons pas grand chose à penser ?
J’aurais doublement tendance à penser qu’il n’y aurait pas grand chose à perdre à parier dans la durée sur l’intelligence des gens (encore faut-il avoir la trésorerie qui donne les moyens de cette durée) et qu’il n’y a pas (peu hein, parce que super nanny c’est bien triste mais va en tirer quelque chose) de mauvais sujets mais de mauvais traitements.
D’ailleurs Mélenchon fait fausse route sur le fond du sujet de la prostitution et des maisons closes (que je n’ai pas lu ce jour-là): il n’est pas nul en soi et peut très bien faire l’objet d’un vrai travail. Cela dit était-ce le bon timing et le bon traitement, c’est autre chose…?
Quant à l’abstention est-elle le fait de la presse ou d’un système politique à bout de souffle (tiens c’était peut être ça le bon sujet du jour 😀 ) ?
Vu de l’extérieur aussi le métier de journaliste semble être fait de grands reporters et de brillants (ou pas) analystes et éditorialistes. En réalité la majorité de la profession c’est une piétaille affectée à différentes tâches de moins en moins « considérées » et/ou gratifiantes, avec des conditions de l’exercice de son travail pas forcément en amélioration (même problématique qu’ailleurs de surcharges, diminution effectifs…). Sans négliger les manquements, renoncements, petites lâchetés individuelles, usures, bêtises de chacun…
Ce flux de production tendu laisse-t-il l’espace pour prendre le recul nécessaire sur l’actu et réfléchir à ses responsabilités?
Caricaturons un peu.Le fait diversier rentre avec « une bonne histoire », le chef de service, convaincu, lui accorde une large place, le SR met tout ça en valeur, enrichi le contenu d’illustrations frappantes et la hiérarchie décide de faire gros en « Une », notamment parce que ça marche. Et même s’ils savent démonter une logique qui veut qu’à force de mettre en avant ce type de sujets, on flatte les tendances sécuritaires, entre l’influx du moment et les contraintes de vendre, chacun à son échelon pèse-t-il pour d’autres choix ? Y pense-t-il même parfois dans l’instant ?
On peut aussi se poser des questions sur le formatage du « factuel » et la prime à l’analyse (chaque journaliste se rêvant secrètement éditorialiste 😀 ) plutôt qu’au reportage qui donne à voir par sa fonction de témoignage subjectif…
Bref: j’aurais de quoi faire un (des ?) billets plutôt qu’un commentaire 😉
Pour revenir à Mélenchon (quand même), vu qu’il est assez présent sur le net, il pourrait faire quelques détours sur des blogs (ou sites) qui abordent ces questions et concentrer ses attaques là où elles ont (peu ?) des chances de porter et faire sens…
b.mode
30 mars 2010
Méluche se comporte à la manière de Xavier Bertrand face au plumitif du courrier picard ! A gerber ! Gros con detected…
lediazec
30 mars 2010
Ma première réaction a été, en effet, favorable à la charge de Mélenchon contre la presse corruptive dont chacun à sa manière et pour des tas de raisons morales a de quoi pester. Cela dit j’ai un peu tiqué devant la violence de la charge et je n’ai pu empêcher la correspondance avec Gros Bertrand se frayer un chemin dans mon esprit. Tout ça pour dire que, comme toi, même si Mélenchon a raison sur le fond, il n’avait pas le droit moral de s’en prendre de manière aussi violente à un jeune débutant. J’attends à présent qu’il fasse la même chose avec Arlette Chabot, Duhamel, Emmanuel Chain ou Aphatie…
phase3 aka phaz3
30 mars 2010
Le sensationnalisme de certains journalistes fait le lit du FN et valide souvent la politique du pire, donnant un blanc-seing à la casse sociale que nous subissons depuis 2007.
Quand on voit comme la manif. du 23 mars (n’) a (pas) été répercutée par les médias, je me demande si ce n’est pas (hormis la forme) Mélenchon (qui n’est pourtant pas toujours dans mes petits papiers)qui a pas raison.
l'Ours
30 mars 2010
je n’ai rien compris à ce « buzz » et encore moins à votre article.
phase3 aka phaz3
30 mars 2010
Extrait de Marianne :
» La réponse est comprise dans la question. Pourtant, les étudiants de sciences-Po se trompent. Jean-Luc Mélenchon se serait comporté de la même manière avec un «vrai» journaliste. Il l’a d’ailleurs déjà fait. Ainsi, en 2009, il avait lancé à Arlette Chabot, en plein direct, un sonore «Allez au diable !». Un an plus tôt, il avait accusé Jean-Marc Sylvestre de faire de la « propagande ». Le 7 février dernier, il a taclé le «mauvais esprit» de Jean-Michel Aphatie, sur le plateau du Grand Jury. On ne peut donc pas accuser Mélenchon d’être fort avec les faibles et faible avec les forts : tous les journalistes sont logés à la même enseigne.
Du reste, la colère de Mélenchon contre les médias ne date pas d’hier, et il serait dommage de n’y voir que la réaction épidermique d’un homme politique qui s’estime injustement traité par les journalistes.
Enfin, même si sa façon de le dire est outrancière, Mélenchon n’a-t-il pas raison, au fond? Pourquoi le Parisien, supposé journal populaire, n’a-t-il pas davantage traité la question de l’abstention ? La énième couverture sur les Francs-maçons, l’immobilier ou l’alimentation-qui-fait-vivre-plus-longtemps, la presse qui se dit «féminine», tout cela ne concourt-il pas à faire des journalistes de simples vendeurs de papier? … »
donjipez
30 mars 2010
C’est en effet la méthode qui est déplaisante avant tout et la facilité d’une attaque du fort au faible qui me fait penser comme à @b.mode et @lediazec à l’affaire du gros Bertrand. D’expérience, je connais un peu la tactique des politiques qui ne se frottent jamais très courageusement aux journalistes qui piquent ou renvoient les coups. Ils vont donc mettre la pression là où c’est faible ou essayer de faire lâcher le mec par sa hiérarchie dans certaines affaires. Les situations sont alors diverses, si les responsables cèdent ou tentent de calmer le jeu, le politique va enfoncer le coin. Sinon ils reculent plus ou moins vite dans une grande majorité de cas.
Et le comportement de Mélenchon est déplorable de facilité et de volonté manipulatrice. Cela dit le « gamin » en retirera peut être une bonne leçon pour la suite de sa carrière: soit on a les arrières assurés dans son canard et on rentre dans le lard du mec, soit plus retors on lui signifie qu’on est là pour témoigner de son action en bien ou mal, pas pour discuter et débattre avec lui, le renvoyant pour cela à ses adversaires politiques. La bonne conclusion étant de lui signifier que ce qu’on a à dire sera dans l’article (quitte à se battre pour le faire passer).
Pour le fond, on ne peut pas exclure que le chef du PG ait voulu « buzzer » comme l’écrit @guybirenbaum. Mais pour arriver à quoi ? Au mieux à faire parler de lui quelques heures mais sûrement pas à une prise de conscience (je l’ai dit quelques personnes réfléchissent déjà un peu au sujet :p) et des changements dans un secteur d’activités complexe. Pas qu’il ait fondamentalement tort: je suis bien d’accord avec @dedalus et @romainblachier (pour une fois :p)qu’on est dans un système plus que critiquable et que certains peuvent en avoir marre.
J’irai plus loin même: Mélenchon n’est sans doute pas le moins bien servi ni le mieux placé pour se plaindre d’une médiacratie qui inclue aussi l’ordre politique dominant et écarte de fait complètement des courants de pensée et des opinions. Il convient quand même aussi de relativiser. Pour avoir été de ceux qui trouvaient anormal de ne laisser que peu de place aux voix discordantes lors du référendum de 2005, les urnes ont démontré, donnant raison à Mélenchon et d’autres, que la presse (massivement pour le oui malgré des tensions internes) n’a pas l’influence déterminante que l’on pourrait croire. Quelques médias moins grand public et l’entrée dans le jeu d’internet ont sans doute pesé. Et surtout la réflexion du citoyen.
Le journalisme qui faisait l’admiration de @Corinne est-il pour autant impossible ? Il est en tout cas moins facile – le fut-il ? – dans une période de crise et de perte de repères pour le secteur. Période qui est allée de pair avec une modification sensible du profil des patrons de presse, de ceux qui investissent dans les journaux… et de ceux qu’ils nomment à la tête des rédactions. Sans oublier au passage que le passé n’est pas idyllique et qu’il fut aussi un temps où les « grandes familles » avaient un journal à côté d’autres activités écos pour promouvoir leurs idées, (tenter de) faire élire ceux qui les serviraient au mieux…
Ainsi quand tu cites Marianne @phase3 aka phaz3 sur les « vendeurs de papier » (et de temps de cerveau, d’espace pub sur le web…)c’est surtout une question de degré. Ce serait avoir une vision un peu romantique que de penser que la presse n’est pas là pour vendre. Elle l’a toujours été et je me méfie de quelques journalistes qui oublient cet aspect et le prennent de haut se prenant pour le sel d’on ne sait quelle pureté de l’info. Sous forme de boutade, et pour paraphraser Godard parlant de Kodak, j’aime assez les provoquer en affirmant qu’on est ouvriers dans le papier, chargés de donner une valeur ajoutée à des feuilles blanches que l’on pourra ainsi vendre avec un prix facial ou en négociant des espaces publicitaires.
Un journal qui ne se vend pas, ou pas assez, n’a pas de numéros suivants comme le rappelle dans l’actu le cas de Siné Hebdo. Il faut donc vendre du papier, trouver des modèles économiques pour le web, des auditeurs… sinon on ferme. Mais longtemps il y a eu des interstices, des fenêtres de tir permettant de glisser d’autres choses. Elles se raréfient. Reste à analyser les raisons qui ne sont, sans doute pas pas seulement celles des conditions de la production de contenus même si cet élément pèse.
On constate en tout cas que certains sujets populistes – faits-divers, sports, pipole, buzz – marchent moins mal (j’ai pas dit mieux 😉 en terme de ventes. Est-ce une raison pour ne pas parier sur l’intelligence des gens, leur curiosité et une image de qualité à long terme ? Quels journaux ont les moyens (ou les prennent)de faire ce pari ? Et plus simple encore : quel est l’avenir de la presse papier et les formules qui marchent sur internet sont elles tellement plus « haut de gamme » (j’induis un peu la réponse après avoir vu les chiffres montrant que ce qui est le plus lu sur le site web d’un quotidien… est identique aux titres de unes qui font vendre : faits divers, foot…) ?
Une chose est sûre, je peux en témoigner, on a plus de marge sur un blog perso que dans le cadre d’une entreprise de presse. Sauf qu’on ne bouffe pas en tenant un blog. Et que cela ne donne pas les moyens de réaliser des reportages (déjà que l’argent manque pour ce type de choses dans des médias ayant de normalement de quoi), d’enquêter, de fouiner… Il en va aussi d’une responsabilité des journalistes de se cacher derrière des conditions difficiles pour ne pas faire certaines choses. Comme il y a une responsabilité dans l’enseignement qui produit des gens très bien formés mais aussi très formatés (et en trop grand nombre par rapport aux capacités du secteur ce qui contribue à le tirer vers le bas).
Répétition n’étant pas raison, ce n’est pas le fond de la question qui heurte dans le « coup » de Mélenchon mais la méthode, la personne à qui il s’en prend et, au final, l’inutilité de sa démarche, ce qu’il ne peut ignorer. Car même s’il vise plus largement que son interlocuteur, il ne s’adresse pas aux décideurs, eux-mêmes n’étant (peut être) pas tous dans une démarche du profit maximum mais pour certains en train de sauver les meubles, aux dépens – que ce soit pour augmenter les profits ou éviter de couler – de la qualité, des lecteurs et parfois des journalistes (avec les jeunes précaires en première ligne).
donjipez
30 mars 2010
Note de Donjipez à Donjipez : au lieu de faire des réponses aux commentaires aussi longues pourquoi ne pas faire des billets sur la presse, les médias et le web ? 😀
Eric
31 mars 2010
Oui, en gros, Mélenchon se fait plaisir! Il ne sert pas la cause qu’il entend servir! Même s’il pourra dire a posteriori: vous avez-vu? Ca a fait parler de moi!
Mmedelalanguefrançaise
31 mars 2010
Je viens de lire votre réaction, et je suis choquée par votre français. Melenchon est grossier, c’est un fait — cependant, en tant que ‘salarié d’un groupe de presse’, je pense que vous accepterez la prémisse journalistique de base selon laquelle ‘ce qui se conçoit bien s’énonce clairement’. Or on ne tombe pas à bras racourci sur un comportement, on ne massacre pas les subjonctifs (fût-il journaliste),on fait croître un nombre, et non ‘accroître des followers’, etc.
Je sais, cela semble bien superficiel et pédant,mais si la forme reflète le fond, alors il faut bien convenir que Melenchon a raison: la presse conçoit mal ce qu’elle énonce fâcheusement, parce qu’elle prend son public/ses lecteurs pour des imbéciles/analphabètes. Melenchon réclame que la presse discute de Politique, avec une majuscule. On souhaiterait aussi qu’elle le fasse dans une langue correcte.
donjipez
31 mars 2010
Don’t feed the troll (ce serait futile)
phase3 aka le gros phaz3
1 avril 2010
On est toujours le gros con d’un autre … gros con !
Il n’est pas nécessaire d’être gros pour être con, mais ça aide, parfois.
Philippe
2 avril 2010
Gros con , Mélenchon ?
Et les journalistes qui se mettent aux service des pouvoirs en place, en faisant l’apologie de leurs système et de leurs choix, pro-Européen, pro-libéralisme, pro-croissance, pro-mondialisation, pro-consommation, etc
Ca fait des années que des journalistes(?), experts, intervenants, chroniqueurs font l’apologie dans les médias des options mises en place, dans un conformisme affligeant. Ce faisant, ils tuent tout débat démocratique et se complaisent dans une information superficielle, conformiste, faite de news, d’actualité voyeuriste, de marroniers et de micro-trottoirs orientés. Le tout sans recul, sans vraie mise en perspective, sans neutralité et en laissant soigneusement au placard tout intervenant qui pourrait contredire cette belle unanimité.
Cela, pour dire les mots, s’appelle de la propagande et montre une absence de déontologie et de courage chez beaucoup de professionnels.
De plus il apparait que les journalistes qui parviennent à des postes importants sont à l’évidence choisis pour leur conformisme et leur adhésion au système tel qu’il est, en se transformant en commentateurs complaisants et en oubliant leur vrai rôle.
Alors, quand quelqu’un d’intelligent comme Mélenchon, qui subit ce système, en vient à exploser dans un coin de rue face à un étudiant qui ne cherche qu’un buzz facile, il est un peu facile de la traiter de gros con.
Où en est votre profession, monsieur le journaliste, pour que vous vous permettiez de tels épithètes ?
Bien à vous.
donjipez
6 avril 2010
La réponse est venue de Mélenchon lui même. Elle fait froid dans le dos sur ce que doit être au fond ce politique. Il touche vraiment le fond : http://donjipez.tumblr.com/post/500414342/presse-cette-fois-melenchon-touche-le-fond
tauziet
13 janvier 2012
J’ai régardé ,le 13.01.2012 à la tv Melenchon faire son cinéma- Franchement, par moment, gestuelle, agréssivité j’ai eu l’impression que Georges Marchais renaissait de ses cendres .
Lorsqu’il perd pied devant un journaliste il devient arrogant , insultant.
Sur les maisons closes il est resté… clos c’est à croire que …!!
Pour jouer dans les cour des grands il faut une autre envergure que celle de Mr Melenchon – Un président de la république caracteriél ,mégalo et prétentieux…, Honnétement, bravo au journaliste qui à eu le sang froid de ne pas lui mettre une baffe à travers la gueule histoire de lui apprendre un peu le respect des autres mais dans le cas précité il était à l’abri des nombreux drapeaux rouges qui flottaient derriére lui – gros con, non, petit, oui .